« Aller vers le résident pour le sortir de son environnement » – c’est ainsi que Nathalie Berthe, directrice de l’innovation sociale chez Vivacité, résume l’approche adoptée par ses équipes dans le cadre du dispositif APDL – Agir pour les Difficultés Locatives. Face à la précarisation croissante des publics et à la complexité des parcours résidentiels, Vivacité a développé une méthode d’accompagnement proactive pour prévenir les expulsions et garantir l’accès au logement de manière durable.
APDL, qu’est-ce que c’est ?
Le dispositif APDL (Agir pour les Difficultés Locatives) est une initiative visant à prévenir les expulsions locatives et à soutenir les ménages en difficulté pour maintenir leur logement. Il s’inscrit dans le cadre du plan quinquennal « Logement d’abord » mis en place par l’État.
L’APDL adopte une approche proactive et coordonnée, impliquant divers acteurs tels que les services sociaux, les bailleurs, les gestionnaires et les institutions. Cette collaboration permet d’évaluer les difficultés des ménages, de résoudre les conflits avec les bailleurs et de gérer les impayés locatifs.
Une précarité accrue, un besoin d’accompagnement renforcé
« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une précarisation grandissante des publics, qu’ils soient jeunes, isolés, réfugiés ou familles monoparentales », explique Nathalie Berthe. Aux difficultés structurelles (isolement, fragilité psychosociale, endettement) s’ajoutent des facteurs aggravants : la réforme des APL de 2021, qui a accentué l’instabilité financière des travailleurs précaires et des jeunes actifs, la dématérialisation des démarches administratives, qui exclut les plus vulnérables de leurs droits, et la hausse du coût de la vie. « Face à ces défis, nous avons choisi une approche de terrain, basée sur l’aller-vers, pour renouer le lien avec les résidents et prévenir les ruptures de parcours résidentiels. »
Une action coordonnée pour prévenir l’expulsion
Le dispositif repose sur un accompagnement intensif, mené en coordination avec les bailleurs et les services sociaux. « L’objectif est simple : éviter l’expulsion et stabiliser la situation du résident. Cela passe par des solutions adaptées comme l’échelonnement des dettes, la recherche d’aides financières et un accompagnement individualisé », précise Nathalie Berthe.
Cet accompagnement a des effets très larges :
✔ Maintenir les résidents dans leur logement, en trouvant des solutions aux impayés.
✔ Réduire l’angoisse liée à la menace d’expulsion.
✔ Préserver les liens sociaux et professionnels, pour éviter le repli sur soi et favoriser l’insertion.
✔ Faciliter l’accès aux droits et aux aides, souvent méconnus ou inaccessibles du fait de la fracture numérique.
✔ Optimiser la gestion budgétaire, en aidant le résident à ajuster certaines dépenses essentielles.
L’impact du dispositif va bien au-delà des seuls résidents. « Pour les bailleurs, cela signifie une réduction des impayés, l’évitement des procédures coûteuses et l’amélioration du dialogue avec leurs locataires », explique Nathalie Berthe. Les collectivités, quant à elles, bénéficient d’une diminution des coûts sociaux et judiciaires liés aux expulsions et à l’hébergement d’urgence.
Une brigade d’intervention au plus près du terrain
L’équipe APDL VIVACITÉ fonctionne comme une véritable brigade de terrain, composée d’une assistante sociale, d’une conseillère en insertion professionnelle et d’une médiatrice sociale. « La médiatrice enfonce la porte – métaphoriquement – pour établir le contact. L’assistante sociale évalue la situation et, avec l’aide de la conseillère, elles construisent une solution sur mesure », détaille Nathalie Berthe.
Cette approche permet d’intervenir même dans des situations que les bailleurs peinent à gérer. « En tant que tiers neutre, nous levons certaines barrières. Le résident nous perçoit différemment du bailleur qui lui envoie des mises en demeure. Nous arrivons souvent à rétablir un dialogue et à désamorcer des situations critiques. »
En 2024, 49 accompagnements ont été réalisés auprès de résidents en difficulté, en partenariat avec quatre bailleurs sociaux : ICF Habitat, Logimed, Unicil et CDC Habitat.
Grâce à cette action concertée, des situations ont pu être débloquées, en mobilisant d’autres compétences que le simple rééchelonnage de dettes.