VIVACITÉ a amorcé une transformation majeure en 2024. Quelle est la dynamique que vous souhaitez impulser ?
Nous voulons envoyer un signal fort. Jusqu’en 2023, le cadre du logement accompagné était stable. Nos prédécesseurs nous avaient offert une solidité par la rigueur de leur action. Dans un monde en plein bouleversement, le moment est venu de réinterroger nos positions, notre politique immobilière, le lien qui nous unit aux résidents et la façon dont nous accompagnons l’engagement de nos collaborateurs. Notre culture associative et professionnelle doit passer au crible de l’innovation.
Comment évolue l’accompagnement social dans ce cadre ?
Nous voulons aller vers une insertion plus durable. L’accompagnement social ne doit pas se limiter à répondre aux urgences du quotidien, il doit donner aux résidents les moyens de construire leur avenir. Trop longtemps, nous avons eu le défaut de rendre nos publics captifs. Aujourd’hui, nous devons les aider à gagner en autonomie : trouver un emploi plus stable, élargir leur cercle social, s’ouvrir à des opportunités nouvelles. C’est ce que nous expérimentons avec l’îlot de sérénité : une ouverture vers l’extérieur, un pont entre nos dispositifs et le reste de la ville. L’objectif est de ne pas se substituer aux désirs des habitants, mais de leur donner les outils pour piloter leurs propres choix.
Où en est VIVACITÉ concernant l’UFS (Urbanisme Favorable à la Santé) ?
L’UFS est un axe important dans notre réflexion. Nous travaillons à intégrer pleinement cette approche dans nos projets, en cherchant à améliorer la qualité de vie des habitants à travers un aménagement urbain plus inclusif et adapté aux besoins sociaux et sanitaires. Il ne s’agit pas seulement de bâtir des logements, mais d’inscrire ces derniers dans un environnement qui favorise le bien-être et l’intégration durable des résidents.
Comment cette transformation s’inscrit-elle dans une vision plus large du développement durable ?
Le développement durable ne concerne pas uniquement l’environnement, il s’applique aussi aux personnes. Nous devons concevoir un « développement personnel durable », qui permette à nos publics d’évoluer dans la durée, avec une insertion qui ne soit pas temporaire mais réellement structurante. Nous avons commencé à travailler cette approche au Thor et à Roquefure, en intégrant une logique de « Aller vers, Ramener vers », inspirée du Logement d’Abord. L’idée est d’accompagner les résidents sur un parcours global, qui intègre logement, emploi, santé et vie sociale.
Et cette vision du temps long, comment l’assumez-vous ?
Nous n’avons pas envie d’aller vite, mais nous creusons des sillons à petits pas, sans jamais nous arrêter. C’est une approche de fond qui peut paraître moins ambitieuse que des actions chocs, mais elle permet une transformation plus durable. Nous avons choisi d’être la tortue plutôt que le lièvre : avancer lentement, mais sûrement.